Le Bangladesh lance un programme national imposant l’installation de panneaux solaires sur les bâtiments publics afin de réduire la dépendance énergétique du pays. Cette initiative cible notamment les écoles, les collèges et les hôpitaux, tous désormais contraints d’adopter ces installations photovoltaïques. Le projet répond directement à une situation économique difficile, caractérisée par un coût élevé des importations de carburants fossiles. Contrairement aux grands projets solaires terrestres, ces installations en toiture pourront être opérationnelles beaucoup plus rapidement.
Un financement privé sur les infrastructures publiques
Le modèle économique adopté implique des entreprises privées qui installent et maintiennent les systèmes solaires sur les toits mis à disposition par les institutions publiques. En échange, ces bâtiments évitent de payer des factures d’électricité tout en percevant une compensation financière sous forme de revenus locatifs. Ce modèle permet ainsi au gouvernement de minimiser son engagement financier immédiat. L’objectif est de créer un cercle vertueux où l’investissement privé génère des économies concrètes pour les établissements concernés.
Cette stratégie s’appuie sur une réglementation existante qui oblige depuis plusieurs années les constructions neuves à intégrer des capacités solaires. Cependant, malgré ces obligations, la capacité photovoltaïque installée sur les bâtiments restait relativement faible, avec moins de 200 mégawatts fin 2023. Ce nouveau programme vise précisément à accélérer ce rythme d’installation, en profitant des infrastructures déjà existantes et facilement accessibles.
Enjeux économiques et contexte international
La décision du gouvernement intervient dans un contexte où le Bangladesh cherche activement à réduire sa facture énergétique. La production d’électricité solaire ne représentait que 5,6 % du mix énergétique national en 2024, loin derrière d’autres pays d’Asie du Sud comme l’Inde et le Sri Lanka. Cette situation aggrave les difficultés économiques du pays, notamment en augmentant les pressions sur ses réserves de devises étrangères.
Ce programme fait suite à un soutien récent du Fonds Monétaire International (FMI) qui a débloqué 1,3 milliard de dollars dans le cadre d’un programme global de soutien économique. Ces fonds visent en particulier à renforcer les réserves de change nationales, actuellement sous tension. Ainsi, en réduisant les importations de carburants fossiles, le Bangladesh espère stabiliser davantage son économie tout en réduisant sa vulnérabilité aux fluctuations des prix énergétiques mondiaux.
Défis opérationnels et techniques du programme
En parallèle, le pays mène actuellement plusieurs appels d’offres pour développer plus de 5 gigawatts de capacités photovoltaïques au sol. Toutefois, ces grands projets nécessitent plusieurs années avant d’être opérationnels. L’installation immédiate sur les bâtiments publics apparaît donc comme une solution temporaire, mais rapide, pour améliorer la sécurité énergétique du pays.
Parmi les défis majeurs du programme figurent les contraintes techniques, notamment en matière de qualité des équipements, de gestion du réseau électrique et d’intégration efficace d’une production d’électricité dispersée sur de nombreux sites. De plus, des obstacles réglementaires tels que les taxes élevées sur certains composants et la complexité administrative pourraient ralentir le déploiement. Malgré ces défis, le gouvernement parie sur la simplicité relative du modèle pour attirer rapidement des investissements privés et atteindre ses objectifs économiques et énergétiques.