La société COBCO, fruit d’une co-entreprise entre le fonds marocain Al Mada et le fabricant chinois CNGR Advanced Materials, a commencé la production de matériaux de batteries lithium-ion sur son site industriel de Jorf Lasfar, situé près du port industriel et énergétique majeur du pays. Cette étape marque le lancement concret d’un investissement global évalué à deux milliards de dollars. Le démarrage concerne principalement la fabrication de précurseurs de cathodes à base de nickel-manganèse-cobalt (NMC), un composant stratégique dans les batteries destinées aux véhicules électriques. Ce projet s’inscrit dans une dynamique industrielle globale qui vise à structurer une filière intégrée de production de batteries au Maroc.
Capacité industrielle visée et étapes clés
La capacité cible de l’usine COBCO est de produire annuellement jusqu’à 120 000 tonnes de précurseurs de cathodes NMC et environ 60 000 tonnes de cathodes utilisant la technologie phosphate de fer-lithium (LFP). Une fois pleinement opérationnelle, cette production équivaudra à une capacité énergétique totale d’environ 70 GWh par an. Cette capacité permettra théoriquement d’équiper environ un million de véhicules électriques chaque année. Ce volume place clairement ce projet parmi les plus importants investissements industriels du secteur des batteries en Afrique.
Contexte stratégique et positionnement régional
Le choix de Jorf Lasfar répond à une stratégie visant à exploiter pleinement la proximité géographique du Maroc avec le marché européen, un atout renforcé par les accords commerciaux en place avec l’Union européenne. Le pays bénéficie également de ressources locales en matières premières, telles que le phosphate, élément clé pour la production de batteries LFP, et le cobalt nécessaire aux batteries NMC. Ce positionnement s’accompagne d’autres investissements complémentaires prévus par d’autres entreprises chinoises, notamment dans les cathodes et les anodes, consolidant ainsi une filière industrielle régionale intégrée.
Développements industriels complémentaires
Parmi les autres acteurs chinois engagés, le groupe BTR New Material a récemment obtenu l’approbation du gouvernement marocain pour l’établissement d’une usine de fabrication de cathodes à Tanger, représentant un investissement de 300 millions de dollars. Sa capacité prévue est de 25 000 tonnes par an dans une première phase prévue pour 2026, avec un objectif ultérieur de doubler cette capacité. Par ailleurs, le groupe chinois Gotion High Tech envisage également la création d’une Gigafactory au Maroc avec un investissement initial estimé à 1,3 milliard de dollars, extensible jusqu’à 6,5 milliards pour atteindre une capacité maximale de 100 GWh.
Perspectives pour l’industrie automobile marocaine
Le secteur automobile est actuellement l’un des piliers des exportations industrielles marocaines, représentant environ 14 milliards de dollars en 2023. Avec des usines majeures comme celles de Renault et Stellantis, le pays affiche une capacité combinée annuelle de production d’environ 700 000 véhicules. Le gouvernement marocain, par la voix de son ministre de l’Industrie, Ryad Mezzour, a exprimé son ambition d’atteindre jusqu’à 60 % de véhicules électriques dans ses exportations automobiles à l’horizon 2030.
Partenariats stratégiques internationaux
COBCO a par ailleurs établi des partenariats industriels majeurs, notamment avec le groupe européen Umicore, spécialiste des matériaux avancés. L’accord prévoit une fourniture à long terme de précurseurs NMC produits à Jorf Lasfar vers les chaînes d’approvisionnement européennes. Cette alliance souligne le caractère stratégique et internationalisé de l’usine COBCO dans la filière mondiale des batteries.
Évolution attendue du projet
L’entrée en production de COBCO ouvre une série d’interrogations sur les effets à long terme de ce projet industriel ambitieux, tant sur l’économie marocaine que sur le marché régional des véhicules électriques. Avec des investissements industriels et des partenariats internationaux déjà en place, l’évolution future du secteur demeure un enjeu majeur à surveiller.
