La France et la Norvège ont officiellement conclu un accord bilatéral permettant le transport transfrontalier de dioxyde de carbone (CO₂) destiné au stockage géologique offshore. Signé à Oslo par Éric Lombard, ministre français de l’Économie, et Terje Aasland, ministre norvégien de l’Énergie, cet accord crée un cadre réglementaire facilitant les échanges commerciaux autour du carbone capté. Les futures opérations prévues concernent essentiellement l’envoi de CO₂ industriel français vers les installations norvégiennes existantes situées en mer du Nord. Cet accord respecte les conditions internationales fixées par le Protocole de Londres sur les substances destinées à être immergées en milieu marin.
Développement des infrastructures offshore
Deux grands projets sont particulièrement concernés par cet accord : Northern Lights et CO₂ Highway Europe. Le projet Northern Lights, opérationnel depuis septembre 2024, est géré conjointement par Equinor, Shell et TotalEnergies. Ce site norvégien dispose d’une capacité initiale de stockage de 1,5 million de tonnes de CO₂ par an, capté auprès des industries européennes. Le projet CO₂ Highway Europe envisage quant à lui la création d’un réseau de transport sous-marin du CO₂ reliant plusieurs ports européens, dont Dunkerque et Zeebrugge, vers les infrastructures norvégiennes.
La réalisation de ces infrastructures nécessitera d’importants investissements dans des terminaux côtiers et des pipelines sous-marins spécialisés dans le transport du CO₂ comprimé ou liquéfié. Les principaux fournisseurs potentiels de carbone seront les grands groupes industriels du secteur sidérurgique, chimique et pétrolier, confrontés à des objectifs réglementaires exigeants en matière de réduction d’émissions. Cette coopération pourrait ainsi stimuler significativement le marché européen des infrastructures industrielles dédiées à la gestion du carbone capté.
Cadre législatif et commercial européen
Cet accord intervient après l’adoption récente, par le Parlement français, d’une loi autorisant explicitement l’exportation de CO₂ vers l’étranger pour son stockage permanent. Contrairement à la Norvège et au Danemark, la France ne possède actuellement aucun site adapté au stockage géologique du carbone sur son territoire. Ainsi, cette coopération transfrontalière constitue une opportunité stratégique majeure pour les entreprises françaises impliquées dans le captage et le transport de CO₂.
Les implications commerciales sont considérables, notamment en termes de contrats pour les entreprises spécialisées dans les infrastructures offshore, les pipelines sous-marins et les systèmes de compression de gaz. Les développements associés à ces projets pourraient attirer des investissements importants, mobilisant des sociétés de services pétroliers et des bureaux d’ingénierie européens. À long terme, l’objectif des deux pays est de faciliter l’émergence d’un marché européen structuré pour le stockage offshore du carbone industriel.
Implications pour les acteurs industriels
Toutefois, avant toute mise en opération effective, les projets devront satisfaire des exigences techniques et environnementales strictes, conformément aux standards européens et internationaux. Des études d’impact et des évaluations détaillées devront être menées afin d’assurer la conformité réglementaire et technique de ces infrastructures sous-marines. L’accord franco-norvégien marque ainsi une étape déterminante vers la structuration industrielle et commerciale d’un marché européen du stockage offshore du CO₂, avec des retombées potentielles importantes pour de nombreux acteurs économiques du continent.