Les exportations russes d’électricité, traditionnellement dynamiques sur le marché asiatique, marquent le pas. InterRAO, principal exportateur russe d’électricité, a récemment indiqué prévoir une diminution globale de ses exportations électriques d’environ 4 % sur l’année en cours, principalement à cause d’une baisse notable des approvisionnements vers la Chine, son deuxième marché exportateur après le Kazakhstan. Cette situation intervient après une année où les échanges vers ce marché avaient déjà significativement reculé, passant d’environ 3,1 milliards de kilowattheures (kWh) à seulement 0,9 milliard de kWh. Selon InterRAO, cette tendance reflète des difficultés structurelles persistantes, notamment dans l’extrême-orient russe.
Contraintes hydrologiques majeures
L’origine principale de cette baisse est liée aux contraintes sur la production hydroélectrique dans certaines régions clés. En effet, les niveaux particulièrement bas des réservoirs hydroélectriques russes en Extrême-Orient ont conduit à une diminution significative des capacités disponibles pour les marchés internationaux. La sécheresse observée au cours de la dernière année a nécessité une réallocation des ressources électriques afin de satisfaire une demande interne en pleine expansion, limitant ainsi fortement les possibilités d’exportation. Cette restriction intervient alors même que les demandes domestiques d’énergie connaissent une hausse, notamment à cause de l’expansion rapide des centres de minage de cryptomonnaies.
De plus, cette dynamique pousse certaines régions russes à envisager, à titre exceptionnel, l’importation d’électricité en provenance de Chine afin de compenser des déficits ponctuels. Ce renversement temporaire du flux traditionnel souligne la complexité actuelle des flux énergétiques dans cette région stratégique. Il est à noter que les prévisions pour les années suivantes restent relativement prudentes quant à la reprise significative des exportations vers le marché chinois.
Diversification des débouchés
Face à ce contexte, la Russie renforce ses partenariats énergétiques alternatifs, notamment avec le Kazakhstan qui absorbe désormais environ 54 % des exportations totales d’électricité d’InterRAO. En comparaison, les livraisons vers la Mongolie restent stables, jouant un rôle tampon dans cette réorganisation géographique des débouchés commerciaux russes. Selon les projections de l’opérateur russe System Operator, ces tendances devraient rester relativement constantes avec des exportations globales maintenues à environ 12 milliards de kWh par an jusqu’en 2030.
Pour autant, ces projections à moyen terme restent fortement dépendantes des fluctuations monétaires, de la tarification énergétique ainsi que du niveau futur des ressources hydriques. Le marché chinois demeure cependant un paramètre critique, sa demande potentielle pouvant connaître des pics saisonniers importants en été ou en hiver. Les choix stratégiques d’InterRAO et les conditions climatiques à venir détermineront donc largement la trajectoire future des exportations électriques russes.