L’Indonésie a récemment adopté une nouvelle édition de son plan stratégique de développement énergétique, intitulé Rencana Usaha Penyediaan Tenaga Listrik (RUPTL), couvrant la période 2025-2034. Ce document détaille la stratégie nationale pour renforcer considérablement les infrastructures de production électrique. Le gouvernement prévoit d’installer 69,5 gigawatts (GW) de nouvelles capacités sur dix ans, une expansion motivée par la nécessité de répondre à l’accroissement prévu de la consommation intérieure. L’investissement global requis pour ce projet est estimé à environ 190 milliards de dollars américains (USD).
Répartition par type de production
Selon le plan officiel, 76 % des nouvelles capacités seront constituées par des installations d’énergies renouvelables et des systèmes de stockage. Les énergies renouvelables représenteront ainsi 42,6 GW de ces nouvelles installations, tandis que les capacités de stockage contribueront pour 10,3 GW supplémentaires. Par ailleurs, les ressources fossiles restent présentes, avec un ajout prévu de 16,6 GW répartis entre des centrales au gaz naturel (10,3 GW) et au charbon (6,3 GW).
Le RUPTL organise ce déploiement en deux phases distinctes. La première, de 2025 à 2029, se concentrera majoritairement sur les énergies fossiles avec 12,7 GW prévus, ainsi que 12,2 GW provenant des énergies renouvelables et 3 GW de stockage. La seconde phase, allant de 2030 à 2034, verra une inversion significative des priorités, avec l’ajout de 30,4 GW provenant principalement des énergies renouvelables, contre seulement 3,9 GW issus des ressources fossiles, accompagnés d’un accroissement substantiel des capacités de stockage (7,3 GW).
Implication des investisseurs privés
La réalisation de ces infrastructures dépend fortement du secteur privé. Selon les prévisions officielles, environ 73 % du financement nécessaire proviendra des producteurs d’électricité indépendants, connus sous le nom d’Independent Power Producers (IPP). Ces acteurs investiront principalement dans le secteur des renouvelables, avec une enveloppe financière dédiée estimée à environ 1 342 trillions de roupies indonésiennes (IDR). L’entreprise publique nationale Perusahaan Listrik Negara (PLN) assumera, quant à elle, la charge d’environ 27 % du coût total des projets prévus.
Par ailleurs, le développement des infrastructures de transmission et de distribution est un volet majeur du RUPTL. L’Indonésie prévoit la construction d’environ 50 000 kilomètres de nouvelles lignes électriques, comprenant notamment des interconnexions stratégiques entre les grandes îles telles que Java et Sumatra. Ces projets nécessiteront l’installation de lignes à très haute tension, incluant des systèmes de transmission à courant continu à haute tension (High Voltage Direct Current, HVDC).
Impact économique attendu
Le gouvernement indonésien anticipe d’importants bénéfices économiques, incluant la création de près de 1,7 million d’emplois sur la décennie à venir. Parmi ces postes, environ 760 000 seront directement liés aux infrastructures d’énergies renouvelables. Cette expansion accompagne une forte augmentation de la demande intérieure, qui devrait croître de 67 % durant cette même période, passant de 306 térawattheures (TWh) actuellement à environ 511 TWh en 2034.
Enfin, le RUPTL prévoit l’amélioration de l’accès à l’électricité dans les zones rurales. Près de 5 700 villages, correspondant à environ 780 000 foyers, devraient ainsi être connectés au réseau national au cours de la prochaine décennie.