Les émissions françaises de gaz à effet de serre ont diminué de 1,8 % en 2024 par rapport à l’année précédente, selon le bilan consolidé publié par le Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique (Citepa). Cette baisse modérée s’inscrit dans un ralentissement marqué par rapport aux années antérieures, notamment comparée à la réduction de 5,8 % observée en 2023. Le niveau total des émissions atteint désormais 369 millions de tonnes équivalent CO₂ (Mt CO₂e), contre 376 Mt en 2023. Le rythme actuel soulève des interrogations sur la capacité de la France à atteindre ses engagements de long terme.
Secteurs énergétiques et industriels en baisse
Le secteur énergétique est le principal contributeur à la baisse des émissions françaises en 2024, avec une réduction de 3,8 Mt CO₂e. Cette performance résulte principalement d’un recours accru aux sources d’énergie décarbonées dans le mix énergétique national. L’industrie manufacturière, quant à elle, affiche une réduction plus modérée, avec une diminution de seulement 0,9 Mt CO₂e. Ces chiffres indiquent que les efforts réalisés dans ces deux secteurs demeurent significatifs, malgré un ralentissement relatif de leur progression par rapport aux années précédentes. Toutefois, ces performances restent très contrastées en fonction des filières industrielles concernées.
Transport et bâtiment : progrès limités
En revanche, les secteurs des transports et du bâtiment affichent une dynamique moins favorable en 2024. Les émissions du secteur des transports n’ont baissé que de 1,5 Mt CO₂e, une réduction modeste compte tenu des objectifs de décarbonation fixés par les autorités françaises. De même, le secteur du bâtiment enregistre une diminution marginale de 0,4 Mt CO₂e, traduisant une stagnation des progrès réalisés en matière d’efficacité énergétique des logements et des infrastructures publiques. Ces résultats pourraient induire une révision stratégique de la politique d’incitation à la rénovation énergétique et de transformation des infrastructures de transport.
Agriculture stable et puits carbone affaibli
Le secteur agricole français voit ses émissions se réduire marginalement de 0,4 Mt CO₂e. Cette stabilité confirme la difficulté à obtenir des réductions importantes dans ce domaine, compte tenu des contraintes structurelles et économiques du secteur. Par ailleurs, le Citepa souligne la fragilité croissante du puits de carbone français, notamment en raison des sécheresses, des maladies et de l’exploitation intensive des forêts. La capacité des forêts à capturer du CO₂ diminue progressivement, accentuant la nécessité d’efforts renforcés dans la réduction directe des émissions.
Perspectives nationales et européennes
Le gouvernement français révise actuellement sa troisième Stratégie nationale bas-carbone (SNBC). L’objectif provisoire est d’atteindre 270 Mt CO₂e en 2030, impliquant une accélération significative de la réduction annuelle des émissions à environ 5 % par an. À l’échelle européenne, les performances varient fortement selon les pays, mais l’objectif collectif demeure une réduction substantielle et continue des émissions dans le cadre des accords européens et internationaux. Cette situation pourrait inciter la France à renforcer ou ajuster certaines politiques sectorielles afin de maintenir sa trajectoire climatique et respecter ses engagements européens.