La BEI finance €1.6bn pour l’interconnexion sous-marine entre la France et l’Espagne

La Banque européenne d’investissement finance à hauteur de €1.6bn ($1.73bn) le premier câble électrique sous-marin entre l’Espagne et la France, un lien de 400 km qui portera la capacité d’échange à 5 000 MW d’ici 2028.

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La Banque européenne d’investissement (BEI) a signé le 16 juin des premiers tirages de prêts d’un montant total de €1.2bn ($1.30bn) à son siège de Luxembourg, amorçant le financement global de €1.6bn ($1.73bn) destiné à l’interconnexion de la baie de Biscaye. Le projet prévoit la pose de deux câbles à courant continu haute tension sur 400 km, dont 300 km sous-marins, pour relier Gatika, en Espagne, à Cubnezais, en France. Exploité par Inelfe, coentreprise de Red Eléctrica de España et de Réseau de transport d’électricité, l’ouvrage doit entrer en service en 2028. Sa mise en exploitation doublera la capacité d’échange électrique entre les deux pays, la faisant passer de 2 800 à 5 000 MW.

Financement européen renforcé

Classé Projet d’intérêt commun par l’Union européenne, le lien bénéficie déjà d’une subvention de €578mn ($625mn) au titre du Mécanisme pour l’interconnexion en Europe. Les prêts de la BEI couvrent le reste du coût, réparti entre les exploitants français et espagnol selon leur part d’investissement. L’opération s’inscrit dans la feuille de route stratégique 2024-2027 de la banque et dans l’initiative REPowerEU, qui visent à sécuriser l’approvisionnement énergétique du continent. En 2024, la BEI a engagé €31bn ($33.6bn) pour la sécurité énergétique dans l’Union.

La signature a réuni la présidente de la BEI Nadia Calviño, le commissaire européen à l’Énergie et au Logement Dan Jørgensen, le ministre français de l’Industrie et de l’Énergie Marc Ferracci et le secrétaire d’État espagnol à la Transition écologique Miguel González Suela. « Cet accord fera de la péninsule Ibérique autre chose qu’une île énergétique », a déclaré Mme Calviño, selon un communiqué de la BEI publié le 16 juin. M. Jørgensen a souligné que des réseaux plus intégrés sont « essentiels pour garantir à nos citoyens un approvisionnement stable où qu’ils se trouvent ». M. Ferracci a mis en avant une liaison « qui doublera la capacité de transport sur 400 km » et accélérera la décarbonation.

Impacts opérationnels

Le tracé utilisera une configuration à courant continu haute tension, avec des stations de conversion à Gatika et Cubnezais pour raccorder les réseaux à courant alternatif nationaux. Les travaux marins ont déjà commencé, tandis que RTE et Red Eléctrica modernisent les postes terrestres afin de gérer des flux nord-sud plus élevés. Les ingénieurs estiment que l’interconnexion évitera environ 600 000 tonnes de CO₂ par an en optimisant le transit d’électricité bas-carbone à travers les Pyrénées. Une meilleure fluidité des échanges doit également réduire la volatilité des prix de gros lors des pointes nocturnes sur la péninsule.

Selon la BEI, l’Espagne a reçu en 2024 plus de €5bn ($5.41bn) de financements liés à la sécurité énergétique, dont €1.54bn ($1.67bn) pour les réseaux et le stockage. La France a obtenu €3.6bn ($3.89bn) la même année, dont €400mn ($433mn) destinés au renforcement du transport d’électricité. Sur les cinq dernières années, les engagements cumulés de la banque atteignent €16.7bn ($18.0bn) en Espagne et €17.7bn ($19.0bn) en France. « Ce câble est un pont entre nations qui consolidera la cohésion européenne », a affirmé Beatriz Corredor, présidente de Redeia, lors de la signature.

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