La baisse soudaine des importations de gaz naturel en provenance d’Israël oblige des entreprises égyptiennes spécialisées dans la production d’engrais à interrompre leurs opérations, selon des sources citées par Reuters. Cette perturbation fait suite à l’arrêt des exploitations des champs gaziers israéliens Leviathan et Karish, conséquence directe des frappes militaires menées récemment par Israël contre des installations nucléaires et des usines de missiles en Iran.
Impact immédiat sur l’industrie
Les autorités israéliennes ont confirmé la suspension de l’exploitation du champ offshore Leviathan, tandis que la production du champ Karish a également cessé temporairement. Seul le champ gazier Tamar reste opérationnel à ce stade, indiquent les mêmes sources. Ces événements perturbent fortement l’approvisionnement gazier égyptien, crucial pour la production industrielle du pays.
L’Égypte dépend fortement des importations de gaz israélien depuis le recul de sa propre production à partir de 2022. Selon la Joint Organisations Data Initiative (JODI), le gaz israélien représente aujourd’hui entre 40 % et 60 % du gaz importé en Égypte, soit environ 15 % à 20 % de la consommation totale du pays. Cette interruption inattendue pousse le gouvernement égyptien à intensifier ses préparatifs pour sécuriser ses stocks énergétiques.
Mesures gouvernementales en réponse à la crise
Lors d’une réunion d’urgence, le Premier ministre égyptien Mostafa Madbouly a annoncé que son gouvernement suivait attentivement les développements régionaux, tout en cherchant à augmenter rapidement les réserves stratégiques de diverses matières premières. Le ministre égyptien du Pétrole, Karim Badawi, a précisé que son ministère travaillait actuellement pour stabiliser l’approvisionnement des centrales électriques, ayant déjà signé plusieurs contrats de livraisons de gaz et constitué des stocks de fioul.
Afin de renforcer les capacités de regazéification nationales, l’Égypte prépare également l’installation d’une troisième unité flottante de stockage et de regazéification (FSRU). Cette nouvelle infrastructure permettra d’accroître la capacité quotidienne à 2 250 millions de pieds cubes, soit plus du double par rapport à l’année dernière. Le Premier ministre Madbouly a également évoqué la possibilité d’une quatrième unité flottante, envisagée comme une mesure d’urgence supplémentaire en cas de nouvelles perturbations.
Achats record de gaz naturel liquéfié
Face à cette instabilité de l’approvisionnement régional, l’Égypte a récemment conclu plusieurs contrats importants auprès d’entreprises énergétiques et de négociants internationaux pour acquérir au moins 150 cargaisons de gaz naturel liquéfié (GNL). Ces achats, d’un montant supérieur à 8 milliards de dollars américains au tarif actuel, représentent l’importation de GNL la plus conséquente jamais réalisée par le pays.
Les autorités égyptiennes n’ont pas précisé à quel moment la situation pourrait revenir à la normale. Interrogé par Reuters, le ministère égyptien du Pétrole n’a pas immédiatement répondu aux sollicitations. L’évolution de cette situation reste étroitement surveillée par les entreprises concernées et par les acteurs internationaux du marché énergétique.