La Energy Transitions Commission (ETC) a publié une nouvelle note d’information sur les implications du commerce international dans la transition énergétique, mettant en lumière les risques associés à une concentration excessive des chaînes d’approvisionnement et à la perception protectionniste de certains mécanismes d’ajustement carbone. L’organisation recommande une série de principes visant à structurer les politiques nationales sans compromettre la compétitivité ou les coûts.
Les chaînes d’approvisionnement locales en ligne de mire
Selon l’ETC, la domination actuelle de la Chine dans les technologies d’énergie propre est le résultat d’une combinaison de décisions stratégiques, d’investissements ciblés et d’un écosystème d’innovation performant. En réponse, plusieurs pays optent pour une relocalisation de leurs chaînes d’approvisionnement — une stratégie qui, mal orientée, pourrait nuire à la viabilité économique de la transition énergétique.
L’ETC préconise ainsi six principes pour guider la politique industrielle : viser la diversification plutôt que l’autarcie, distinguer les risques économiques des enjeux de sécurité nationale, adapter les choix en fonction des secteurs compétitifs, respecter les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), privilégier la localisation de la valeur et de l’emploi, et coopérer avec la Chine sur le financement climatique à destination des pays à faible revenu.
Tarification du carbone : un levier inégalement appliqué
Dans les secteurs « difficiles à décarboner » tels que l’acier ou le transport maritime, les technologies sobres en carbone restent plus coûteuses, justifiant l’instauration d’une tarification du carbone. À ce jour, 53 pays appliquent une forme de tarification, couvrant plus de 20 % des émissions mondiales. Toutefois, seule l’Union européenne applique des prix jugés efficaces, selon le rapport.
L’ETC soutient l’imposition d’un Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF) par l’UE et invite à une harmonisation mondiale via l’OMC. Pour limiter les fuites de carbone, l’organisation propose un soutien technique aux pays en développement et une redistribution des recettes issues du MACF vers les pays à faible revenu.
Coopération internationale et mécanismes incitatifs
L’Organisation maritime internationale a récemment approuvé un dispositif allant dans ce sens pour le transport maritime, illustrant une volonté croissante de coordination. Mais sans norme commune sur l’intensité carbone ou consensus sur les outils fiscaux, le risque d’un morcellement des règles reste élevé.
L’ETC insiste sur l’importance de politiques cohérentes pour soutenir l’essor industriel des technologies propres à travers le monde. La vice-présidente de l’ETC, Faustine Delasalle, a déclaré que des mesures tarifaires, des incitations à l’offre et des obligations du côté de la demande étaient « essentielles pour rendre les projets viables et précipiter les décisions finales d’investissement ».