La ministre slovaque de l’Économie, Denisa Sakova, a exhorté la Commission européenne à instaurer une régulation des prix de transit du gaz dans le contexte du plan communautaire visant à éliminer les importations énergétiques russes d’ici 2027. Cette requête survient à la suite de discussions avec des responsables européens à Luxembourg, alors que Bratislava cherche à protéger ses intérêts face à la montée des coûts d’acheminement du gaz.
Une dépendance structurelle au gaz russe
La Slovaquie reste fortement tributaire du gaz naturel russe, historiquement acheminé à bas coût via l’Ukraine. Depuis la suspension de ce transit le 1er janvier, le pays dépend principalement du gaz livré par le gazoduc Turkstream, mais doit désormais recourir à d’autres corridors aux tarifs de transport plus élevés pour couvrir sa consommation. « Nous avons également demandé à la Commission européenne de prendre en compte la régulation des frais de transit et la solidité juridique de ses propositions face à d’éventuelles procédures internationales », a déclaré Sakova sur sa page officielle.
Les déclarations de Sakova font suite à une réunion avec Ditte Juul Jørgensen, directrice générale de la direction de l’énergie de la Commission européenne. Elle était accompagnée de cadres dirigeants de Slovenský plynárenský priemysel (SPP), importateur et distributeur de gaz public slovaque.
Obligations contractuelles en jeu
Un point central de la préoccupation slovaque concerne le contrat à long terme signé avec Gazprom Export, qui engage le pays jusqu’en 2034 sur une clause d’achat ferme dite « take-or-pay ». Une rupture unilatérale du contrat pourrait exposer Bratislava à des pénalités contractuelles ou à des litiges devant des tribunaux d’arbitrage. Le gouvernement slovaque n’a à ce jour reçu que peu de réponses techniques de Bruxelles concernant la capacité de transit alternative disponible sur le réseau gazier européen.
Divisions en amont de la réunion ministérielle
Les ministres européens de l’Énergie doivent discuter de la feuille de route publiée par la Commission le 6 mai, lors d’une réunion prévue le 16 juin. Ce document vise également l’interdiction des importations de pétrole et de combustible nucléaire en provenance de Russie. Un projet de texte législatif est attendu courant juin.
Le Premier ministre slovaque, Robert Fico, a indiqué le 28 mai que son gouvernement s’opposerait à l’interdiction du gaz russe. Il a néanmoins affirmé que des concessions pourraient être obtenues de la part de Bruxelles, déclarant en conférence de presse : « Grâce à la pression exercée par la Slovaquie, nous devrions obtenir un certain nombre d’exemptions de la Commission européenne. »
Solidarité et sécurité énergétique en débat
La ministre Sakova a souligné la nécessité de renforcer le principe de solidarité entre États membres, tant sur les prix que sur la sécurité des approvisionnements. Ce message intervient dans un contexte de désaccord croissant entre les pays de l’Union européenne sur les modalités de la transition énergétique, notamment pour les pays d’Europe centrale historiquement liés à l’énergie russe.