La demande mondiale de biocarburants dans le transport maritime devrait dépasser significativement la capacité de production d’ici 2028, selon une analyse de Rystad Energy publiée le 27 mai. Bien que le biodiesel et le gaz naturel liquéfié d’origine biologique (bio-GNL) soient compatibles avec les moteurs existants, leur disponibilité réelle demeure très limitée.
Écart croissant entre demande et production
Sans contraintes d’approvisionnement, la demande maritime en biodiesel pourrait excéder 140 millions de tonnes équivalent fioul d’ici 2028. Cependant, la capacité totale de production de biocarburants, même dans un scénario optimal, atteindrait un maximum de 120 millions de tonnes. En tenant compte des critères de durabilité, qui privilégient les biocarburants dits de deuxième génération, l’offre chute à environ 40 millions de tonnes.
Les analystes de Rystad Energy estiment que la disponibilité réelle est encore inférieure lorsque l’on considère les risques liés à la production, la concurrence intersectorielle et les pertes opérationnelles. Le bio-GNL, bien que considéré comme plus économique que le biodiesel dans certains marchés subventionnés, fait également face à des contraintes. Plus de 84 % de la production mondiale de biométhane est affectée à la production électrique, et 10 % à la mobilité routière. Il ne reste donc que 6 % disponible pour l’ensemble des autres secteurs, y compris le maritime.
Obligations réglementaires et arbitrages commerciaux
L’Organisation maritime internationale (OMI) impose des seuils d’intensité carbone de plus en plus stricts via son standard d’intensité des gaz à effet de serre (Greenhouse Gas Fuel Intensity, GFI). Dans ce contexte, les biocarburants apparaissent comme une solution de transition plus accessible que des carburants alternatifs comme l’ammoniac ou le méthanol, qui impliquent des coûts d’infrastructure élevés.
Selon Junlin Yu, analyste principal chez Rystad Energy, les acteurs du transport maritime doivent anticiper ces contraintes : « Le secteur ne peut ignorer cette crise d’approvisionnement ». Les biocarburants, lorsqu’ils respectent les seuils d’émissions sur leur cycle de vie complet, peuvent offrir des avantages financiers grâce aux incitations de l’OMI.
Capacité de réaction stratégique limitée
La question de l’accès prioritaire aux volumes disponibles devient un enjeu concurrentiel. À l’approche de 2028, la capacité à sécuriser une chaîne d’approvisionnement fiable en biodiesel et en bio-GNL pourrait déterminer la capacité des armateurs à rester en conformité réglementaire.
La conférence Rystad Talks Energy: Full Steam Ahead, prévue le 28 mai, réunira les dirigeants de Rystad Energy et de DNV Maritime pour aborder ces défis structurels. Cette rencontre intervient alors que le secteur maritime accélère sa transition énergétique sous la pression réglementaire mondiale.