Les fonds spéculatifs augmentent significativement leurs positions longues sur le marché du gaz naturel en Europe, notamment sur le Dutch TTF. Les données récentes de l’Intercontinental Exchange (ICE) révèlent que ces acteurs financiers détiennent désormais près de 22 % des positions totales, marquant un sommet inédit depuis 2021. Cette montée en puissance des fonds contribue à renforcer l’instabilité des prix, même dans un contexte où les fondamentaux du marché demeurent faibles.
Les traders sur le marché constatent que cette dynamique est largement influencée par la réduction des positions courtes. En effet, la couverture de ces positions par les fonds a créé une pression haussière sur les prix, malgré des conditions de marché qui devraient, en théorie, rester baissières. Ce phénomène souligne l’influence des stratégies spéculatives sur l’évolution du marché, au-delà des simples paramètres d’offre et de demande.
Anticipations pour 2025 : une gestion des risques accrue
En regardant vers 2025, les fonds spéculatifs concentrent leurs efforts sur les contrats d’été, anticipant une série de risques liés à la volatilité saisonnière et aux incertitudes climatiques. Les retards dans l’approvisionnement en gaz naturel liquéfié (GNL) pour cette période, combinés aux possibles impacts d’un phénomène La Niña, incitent ces fonds à maintenir des positions longues. Par ailleurs, l’incertitude autour de l’accord de transit gazier entre la Russie et l’Ukraine ajoute une couche supplémentaire de risque pour les mois à venir.
Cette stratégie reflète une approche prudente, où les fonds cherchent à se prémunir contre des scénarios de ruptures d’approvisionnement ou de tensions extrêmes sur le marché. Bien que les fondamentaux actuels du marché restent relativement stables, l’ampleur des positions prises par les fonds révèle une anticipation de conditions beaucoup plus volatiles dans un avenir proche.
Volatilité accrue et fluctuations de prix
L’influence croissante des fonds spéculatifs se traduit par une prime modeste entre les contrats d’hiver 2024 et ceux d’été 2025, évaluée à environ 1,255 €/MWh par Platts. Cette prime, bien que limitée, indique une anticipation de difficultés potentielles lors du remplissage des stocks de gaz pendant les mois estivaux. Les traders notent que cette situation pourrait s’aggraver en cas de conditions climatiques défavorables ou de perturbations géopolitiques.
Les positions longues des fonds spéculatifs, en dépit des signaux baissiers à court terme, témoignent de l’incertitude persistante qui règne sur le marché. Les opérateurs sur le terrain observent que cette stratégie est largement motivée par le besoin de couvrir les risques plutôt que par une conviction d’une hausse immédiate des prix. Toutefois, cette approche pourrait provoquer des fluctuations importantes des prix, surtout si les conditions de marché se détériorent de manière inattendue.